lunes, 31 de agosto de 2015

STÉPHANE DESPATIE [16.948] Poeta de Canadá


Stéphane Despatie

(Montreal, Canadá 1968). Escritor, cronista literario y de teatro, dirige una colección de poesía. También edita, organiza y anima lecturas públicas de poesía en Quebec y en el exterior. Es uno de los fundadores del Mercado de Poesía de Montreal y hasta noviembre del 2011 fue director general de la editorial Écrits des Forges.
Actualmente, es director administrativo del festival Phénomena de Montreal y
en paralelo dirige desde hace varios años la revista de poesía Exit. Ha publicado en español Chotacabras (UNAM) y El aroma de los puentes (Écrits des Forges / Mantis Editores).


Stéphane Despatie was born in 1968 in Montreal, Canada. He was publisher of the Entracte magazine (1993 – 1995) and has worked as editor for literature at Radio Canada (1997 – 1999).
In his poems, he creates compact pictures and voices that follow their own consistent rhythm. His main theme, to which he regularly returns, is love.



Es ahora

Salir del hospital
un taxi hacia los Andes
una ruta rozando las cumbres
un cielo tan cercano como inalcanzable
parecen promesas entre las nubes desgarradas

al otro lado del mundo tomaríamos otros taxis
buscar en los pliegues de las bancas
moléculas de palabras
y suspendidos en el retrovisor silencioso
perfumes de cedro

no llego a vernos en el ángulo amarillo
pero la mirada de un nativo nos conduce al presente

estamos lejos juntos
lejos de los recuerdos comunes
nuestras mentes enmarañadas forman un corazón impecable


*


el canto de las sirenas aumenta
y algo de impreciso nos okupa
es la lluvia o la enfermedad
perturba la poca paz que cae
con el cielo grave e inmenso
y permanece
cuidado
los abismos se abren en las veredas
otros que escupieron sus barrotes
se detienen esperando la caída

está tan oscuro que los medicamentos iluminan
el camino que asusta
tanto como la puerta trasera

no hace mucho el miedo era un juego


*


Un nuevo léxico
se esparce sobre la mesa
nuestros ojos absorben
las orejas jerarquizan
el corazón late
el cuerpo oscila
la mente es clínica ahora

ahora
ordenar las fotografías
abrir el cajón
escoger los utensilios


*


pasaremos por la nuca
bajaremos por el esófago
susurrando
buscando perlas notas
y rastros de cangrejo
cansado por la batalla

encontraremos incluso en las zonas ocupadas
cómo pasar la noche con dignidad


*


no es un retorno
no vacilamos
es ahora y en la paz
solo las armas se encuentran
no dejamos nunca de ser guerreros
pero no lo sabíamos
remamos en pleno centro de la ciudad
entre órganos vitales
ojos que flotan girando en sí mismos
olfateamos nuestras manos
aplastados por los objetos

nos encontramos
una célula familiar
la posibilidad de unirse


*


sobre la mesa lanzo
la carta usada por todos los divorcios
nuevas divisiones la sostienen
cada vez más lejos en las trincheras
más que una ciudad que se divide
es el territorio de la poesía


Francis Catalano (fran.catal@sympatico.ca)
Carl Lacharité (carllacharite@hotmail.com)

http://www.fiplima.com/2013/download/fipl-ebook.pdf



Oublierons-nous (extraits)

À la mémoire de mon père

Oublierons-nous la mort
la jeunesse des autres
l'odeur de la cave
de sa transpiration
mêlée au tabac cheap
son regard de marin
sa droiture d'ouvrier
ses bras tout échardés,
qui ont chargé des trains
oublierons-nous sa voix
même celle d'un seul poumon
perchée dans l'escabeau
pour retoucher le ciel
d'un air plus bleu que juste
oublierons-nous le travail
bravant l'instinct des départs
des arrivées trop brusques
oublierons-nous la persévérance
les refus souvent tordus
banques bourses et autres galeries
son sourire majeur
une mélodie sifflée
mains frottées
pour des heures réussies
l'accomplissement
plus que le ravissement
d'oeuvres sauvages étalées
dans l'hiver
revue blanche aux mille pages
il n'est plus midi
plus le temps de reconstruire
plus la force de sculpter avec choix
ni la rapidité de peindre
un vol de mésange
mais il est toujours possible
de délicatement poser
la couleur qu'il faut
sur les cils des anges
invisibles aux autres
ils aboient dans le noir
amputant la nuit
démembrant la paix
veillant le sang
assurant le courant
sa force contre le vent
ils observent comme le temps
la volonté des corps
l'esprit qui les habite
l'union qui les appelle
le souffle des chapelles
la profondeur des grottes
la gorge de la louve
éraflée par le cri
une épée dans le chapelet
des mots qui blessent
à la sortie
en petites boules de glaise
toujours humides en mémoire
oublierons-nous sa colère
devant les faux débats
les parasols fleuris
abritant canapés
piquette déguisée
solidifiant les marchés
entre gens
simples malgré tout
oublierons-nous ses lèvres
posées avec douceur
sur un bouquet de terre
après la grande traversée
quelques travers
le drapeau une nappe
miettes et poussière de dents
rideau de scène
une chanson   Lili Marlène
une bouche croche
l'envie d'y laisser sa vie
dessiner des Indiens
se laisser transporter comme un sac d'os
mais voir encore
oublierons-nous sa surdité
l'isolement des idées
la sensation des nuages déchiquetés
passant dans sa brousse
où courent des faons
devançant l'incendie
calvitie
jusqu'ici tout fait peur
même la musique
seulement la basse se rend
au corps sans drapeau blanc
et la lumière est trop forte
si près d'elle
dehors il ne marchera plus
le jardin se recueille
des fleurs de papier mâché
courbent l'échiné
laissent passer la maladie
jusqu'aux chèvrefeuilles
atteints à éteindre
leurs boules rouges de fête
oublierons-nous son regard
évadé de l'armée
roulé comme une bille
où passe
comme sur le pont de Londres
un filet de fumée
oublierons-nous
même ceux    qui nous ont fait?




Mauve chaconne (extraits)

l’heure mauve se glisse
entre les branches     un reflet
un rayon chaud sur le froid-neige

une ondée de lumière s’ajoute
saison sur saison
à la peau habituée du paysage

l’ombre bascule
l’espace se respire

les vaisseaux se détendent 
des chemins se découvrent
se retrouve le goût d’apprendre

je marche discret dans Gramercy Park
comme en plein sous-bois
l’éveil     se fait partout

les rides d’un vieux poète
sont autant d’échos
que les taches sur les mains du peintre

mon père devant le calme lac

une vapeur d’un courant chaud
s’accroche à juillet pourtant déjà passé
appelle le becsie devant le caniveau
Broadway ou Baie-du-Lac une parole est donnée

la ville est alphabet
mais un désordre gagne une pureté de vent
comme un regard Bugatti sur un Riopelle

la vitesse et les arbres qui passent
font des aînés des œuvres éphémères
une danse sur glace qui cède

un Peau-Rouge se fond à la brique
et je ne sais plus ce qu’est la mémoire
ni si la mort est une absence

je ne pense plus à elle
car je m’oublie     un instant

hier Menuhin est décédé
mais c’est lundi dans la chemise de l’homme taxi
il m’emmène à la montagne     au cimetière
sans s’inquiéter de la fleur que j’écrase en ma main

un pinceau tremblant glisse
sur le dos d’une infirmière de papier
la couleur malade est fidèle

le temps commerçant
cherche une église
pour s’avancer plus loin

dans la maigreur ambitieuse
un squelette se dessine déjà
mais un sourire de lumière
démontre l’avance du sage

il fait noir ce matin au quai
le héron les avions dorment à moitié
pour moi le ciel est dans l’étang

aucune nervosité ne s’entend
dans l’atmosphère de départ
le soleil tarde derrière la porte
gêné de troubler le temps

il est midi il est cinq heures
l’instant est vaste et mon souffle sans fond
je crois au sang au courant d’air
l’amour le vrai n’a pas de choix

un rat cul par-dessus tête
court se glisser dans Madison Square
mon père j’aime une femme
qui se couvre de froid dans les buissons ardents

que de choses non poétiques
piquent le blanc de ses yeux
sans fleurs ni couleurs

ils grattent le ciel pour sentir le soleil
édifices nés de crises de soifs
y tourbillonnent le vent les ventes
regrettent les horizons où court la louve des ponts

je parle anglais compte arabe
cherche la nudité d’un bouleau blanc
poser ma langue sans toucher des dents
la beauté des nœuds     la fragilité des branches

des mots arrivent 
poudrerie     tuque     sauvage     œil     neige
chaleur     chocolat     enfant     vent
et engoulevent

la route l’odeur de boulangerie
la liberté des sens effleurant ma mémoire
rapporte un sac de billes et des nuits avec elle

tendre douce la main d’une maganée
sur mon ventre qui ronronne
l’amour est trop là pour la tranquillité

le piano donne une lune pleine
une éclaircie en sentinelle

un dessin de mon père du temps des vieux décors
l’enveloppe craquant un souvenir de l’autre bord
je chante l’épave d’un vaisseau noyé par la peur

une terre est vendue     sa cabane souffrira

les pensées d’entre-guerre ont défriché les lieux
déterré le galet pour recevoir famille
accumuler les rides pour y placer des fleurs

plus tard sont venus le bran de scie
les clous     la pierre peinturée
un quai s’est avancé au lac
comme une lucarne sur le ciel


des chèvrefeuilles presque naturels
ont grimpé la pente ont tracé la légende

une baignade vers le radeau des risques
les vagues d’août veulent étouffer l’union
que souhaite le chien blanc d’ange
la langue pendue sur les rames du temps

un sentier de désirs se tend
l’étreinte entre quatre yeux s’écrit
en lettres vives dans les paumes

flotte la nuit dans la salive en quête
corps buvards en orbite
le poète dans l’univers s’arrête à Crémazie
station souvenirs

la chaconne de Vitali
revient en nuits fauves
par les ondes oubliées

mon terrain s’épuise sous le doute
les épluchures de soleil traînent sur le sol
poussent sauvages les herbes fuyant la forme

mon père au gris écoute
l’écho des idées sur le chevalet

sept pas seulement
entre saisir et capturer
l’aura du fruit pressé



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