miércoles, 3 de julio de 2013

LAURENT BOUISSET [10.163]


LAURENT BOUISSET 

(Francia, Lyon,1981) Autor de ensayos y poemas, publicados en revistas de tiraje mensual (Francia y Canadá) en papel y en línea. Próximamente también culminará una novela cuyo título tentativo en castellano es Yo no debería estar aquí.   
En su blog (fuegodelfuego.blospot.fr) presenta desde hace tres años su trabajo poético (escrito y audiovisual), también es un carrefour cultural entre América Latina y Francia. 
Por cierto, cabe destacar que fuegodelfuego.blogspot.fr es uno de los raros espacios literarios donde se rastrea y se le da continuidad desde el viejo continente (con traducciones francesas incluidas y un trabajo de difusión) a jóvenes autores centroamericanos. 




Poema cosido 

La mirada de un puerto sin luna avanza bajo la piel y sueña con la avanzada, 

en un caldo de manos, 

de una luna arañada por las uñas tiradas de un saxofón húngaro 

que parecería, por si mismo, divisar un puerto sin luna donde la rabia de los sueños reventados, 

donde la cólera de colores desaparecidos y la locura del viento en los mástiles 

atizarían el grito de espanto lanzado por el agua ante la vista de un muchacho colgando del mástil 

cuyos ojos pálidos recibirían en reflejo el extravío de ese corazón mexicano emigrado y pronto herido, 

por el fascismo cobarde y la educación remisa de un poli europeo apoltrado sobre un código a destripar, el que, 

bajo la luna llorando retornada, 

brega para rebanar el hilo, 

acusando la identidad sospechosa de un Indio despoblado de sueños y devastado. 

Marsella, 27 de mayo 2013

(Traducción al español de Anabel Serna Montoya y José Manuel Torres Funes)






Junto a los lobos

(traducción de Alba-Marina Escalón)




Para Antoine Volodine
&
Yannick Thiriet


Lo que quisiera
Si
Sostenerme

Justo en el instante

En el lugar exacto de mi muerte

Desnudo totalmente
Vacío de palabras

En el umbral
Allá

En el aura fría

Junto a los lobos

Pasa en mis ojos la soledad de un cometa

Mojada
Mi frente
Al fin

De tinta 
Verdadera

Un segundo
No más

Si
Sostenerme 
Allá

No es 
Entiéndanme
Que esté 
Hastiado
De vivir

Al contrario

No es que
La existencia
Me repugne

Bueno claro que sí
En general
Pero qué importa

Debo ser de aquellos
Que son tan locos
Para atizar

Esa repulsión

Hasta volverla grito

Muy poco me importa
Por cierto 
Que ese grito
Se llame revuelta
Deleite
Dolor

Angustia
Paz
Guerra

Mientras que sepa salpicar
El lienzo 
De esos colores
Tan amenos

Parecen casi por instantes cabelleras

Es primavera por eso
Marsella se enllovizna
Y el perfume
De las chicas
Combina con la herida

Darían ganas de tenderse

Pero no
Pero qué importa
De veras
Sí que eso
Ese grito
Se llame
Saqueo
Abrazo

Felicidad 

¿Qué le cambia eso a la urgencia
Que tengo
De sostenerme

Justo en el instante

En el lugar exacto de mi muerte

Junto a los lobos?

No es que quiera
Acabar con todo 
No

De veras no

Mejor en vez de proyectar
Crudamente 

Hasta con violencia
Si no hay más remedio 

Lo que ya no me queda
De tiempo
De vida

Lejos de aminorarme

De dejarme
Sobre la lengua
Un impreciso sabor a ceniza

Pienso me ayudaría

De veras


Con aplomo 
Ira 
Valentía 

A decidir
Qué

Cuál ya no debe de ser
No

Cuál no nunca más nunca
No
No será
MI VIDA

Tan querida

Torso desnudo
En el umbral
LO JURO 
JUNTO A LOS LOBOS

Cuál no nunca más nunca
No
Será
MI VIDA

Tan querida

En su sublime
Sacudir







Avec les loups




Pour Antoine Volodine

Yannick Thiriet  


Ce que je voudrais
Je crois
Oui 

Me tenir 

Pile à l’instant 

A l’endroit même de ma mort 


Nu complètement 
Vide de mots 


Sur le seuil 
Là-bas 

Dans le vent froid 

Avec les loups 


Passe dans mes yeux la solitude d’une comète 


Baigné 
Mon front 
Enfin 

De l’encre 
Vraie 


Une seconde 
Pas plus 
Oui 
M’y tenir 

Là-bas 


Non pas 
Comprenez-moi 
Que je sois 
Las 
De vivre 

Bien au contraire 

Non pas que 
L’existence 
Me répugne 

Enfin bien sûr que si 
Dans ses grandes lignes 
Mais peu importe 


Je crois être de ceux 
Assez fous 
Pour l’attiser 

Cette répulsion 

Au point d’en faire un cri 


Très peu m’importe 
D’ailleurs 
Que ce cri-là 
S’appelle révolte 
Jouissance 
Douleur 

Angoisse 
Paix 
Guerre 

Tant qu’il sait faire fuser 
Sur la toile 
De ces couleurs 
Si agréables 

On dirait presque par instants des chevelures 

C’est le printemps alors 
Marseille s’embruine 
Et le parfum 
Des jeunes filles 
Se mêle à la blessure 

On aimerait s’étendre 


Mais non 
Mais peu importe 
Vraiment 
Oui que cela 
Ce cri 
Se nomme 
Saccage 
Etreinte 

Bonheur 

Qu’est-ce que cela change à l’urgence 
Que j’ai 
De me tenir 

Pile à l’instant 

A l’endroit même de ma mort 

Avec les loups ? 


Non pas que je veuille 
En finir 
Non 

Vraiment pas 


Bien plutôt qu’envisager 
Crûment 

Avec violence même 
S’il le faut 

Ce qu’il ne me reste plus 
De temps 
A vivre 

Loin de m’amoindrir 

De me laisser 
Sur la langue 
Un vague goût de cendre 

Je pense m’aiderait 


Vraiment 
Oui 


Avec aplomb 
Rage 
Détermination 


A décider 
De 

Quelle ne doit plus être 
Non 

Quelle non jamais plus jamais 
Non 
Ne sera 
MA VIE 

Si chère 


Torse nu 
Sur le seuil 
J’EN FAIS LE VŒU 
AVEC LES LOUPS 


Quelle non jamais plus jamais 
Non 
Ne sera 
MA VIE 

Si chère 

Dans son sublime 
Cahotant 

 San Juan de Chamula, Chiapas, Mexique, été 2009








Le bord exact de la combustion

Un battement de cil à peine
Le cliquètement fugace d’un briquet
Et elle est là
-
Elle est là loin
-
Très loin de se laisser anéantir par le cyclone vorace
Des gens autour
Fumée chants cris les rires
Les crânes barbares furieusement entrechoqués comme des verres
Tout cela maintenant n’existe plus
-
Elle a consumé tout
Apparaissant
Même l’horizon
-
Ou plutôt non
Disons qu’apparaissant
Elle a ensommeillé
-
D’on ne sait où vraiment jaillie
Une eau se verse
Entre vous deux
Limpidement
Tes yeux
Vers elle
Y vont
Maintenant
Lancer un voilier
-
Ce voilier-là
Ses cils revêches
Ne l’accueillent pas avec douceur
Ce voilier-là
Ses yeux de louve
Le déchirent même
Le déchiquètent
L’envoient sombrer quelque part loin
Dans les tréfonds d’obscurité du comptoir lourd
-
Loin de te refroidir
Ce carnage-là
Je crois bien oui qu’on peut le dire
T’a attisé
A elle maintenant
-
A elle maintenant d’aller jeter une pirogue
Subtile
Discrète
Presque en papier
Cette pirogue si pleine de grâce
Et dérivant fragilement
A la surface muette des eaux
Tes yeux s’en bâfrent
Animalement
-
Vous voilà ainsi donc rendus au bord
-
Au bord exactement de l’imprudence
-
Vous pouvez parfaitement plonger
Maintenant
Plonger très fort
D’une tête une seule
Et déserter l’attente
Vous pouvez parfaitement aussi rester
-
Lointains longtemps
De part et d’autre de cette eau
A l’explorer avidement
-
Egalement encore tout suicider
Bien sûr
Reprendre vos yeux comme si de rien n’était
Et repartir
Maintenant seuls
Seuls et rongés magnifiquement par le fantôme d’un même regret
-
Mais ce serait mentir
Que dire cela
Dire que tous deux
A l’heure qu’il est
Avez encore le choix
-
L’instant s’est maintenant gorgé de lave
Gorgé de lave jusqu’à craquer
-
Une seconde
Un siècle au moins
Que plus un seul de vos gestes ne dépend
Que plus une seule de vos pensées n’infléchit plus du tout
Le cours
-
Une seconde un siècle au moins que l’issue même de la nuit est arrimée
C’est tout
Seulement
Avant toute chose
Au mouvement ou non d’une planète
-
Lointaine
-
Brûlante
-
Au bord d’entrer précisément
A cet instant
Avec une infinie lenteur
Silencieusement
En combustion entre vos doigts

Jocotenango, Guatemala, le 15/07/10





Un sourire vrai

Pour mes amis guatémaltèques
A une valeur
Cette photographie
Que mentalement
Du grand volcan
Je suis en train de développer
Parce que justement elle n’a rien d’immortel
Parce que la conscience totale
Que l’impression de ma mémoire
Et à jamais toujours
S’avèrera
Insuffisante
Et que je la sais s’en allant
La presque infime moustache de brume
Tenant caché
Le haut secret du grand cratère
Et que je le sais volatil
Le caféier
Que je la vois gonflée de nuit
Cette prairie imperturbable
Mourante son eau
Mourants ses arbres
Que je le vois liquide et beau
Et s’éteignant
Le cheval brun
Au loin
Paissant
Parce que cette conviction intime que rien ne tient
Jamais
Qu’à un ruisselet bleu
Que je me sais
Moi
Comparable
A cet instant
A la plus petite cendre en fuite
Au bout fini de ma toute dernière clope
Parce que cela tout cela oui je l’ai perçu
Profondément
Sur un cheveu
Que m’est venue l’envie
Soudain
D’un sourire vrai
Face au volcan
Une heure ou deux
M’éternisant

Jocotenango, Guatemala, le 15/07/2010







Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente d’un mauvais
Conseil
Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente effrénée
D’un vers
Assez fou
Sur le champ
Pour m’arracher la tête
Rapide
Léger
Violent
Dribbler entre les flics
Sans la moindre pitié
Du haut d’une tour
Aller tirer un penalty
Avec
Là dans l’attente d’un coup de pied au cul
N’importe lequel
Téquila
Punk rugueux
Décharge
Tout ça oui fort
Féroce
En flammes
Et qui m’arrache
Et sur le champ
Me shoote
Un corps d’anguille
Et m’éjacule cent ans plus tard
Cheveux dressés
Ventre fumant
Plein cœur de braise d’une mêlée sauvage
Faite de gens échevelés
Canines en sang
Tous
Résolus à en découdre
A FISSURER TOUS LES THEATRES
A TEMPETER CONTRE LA NUIT
Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente d’un réveil
Idiot

San Francisco, Californie, août 2009







La route du couchant

Plus de vitre à désembuer
Demain
Plus d’aube à fendre
Toute chose baigne
Et meurt
Auprès d’une eau paisible
L’aurore s’estompe
La fumée boit
Sereinement les bracelets
De carapaces
Ont pris la route du couchant

San Francisco, Californie, août 2009



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