domingo, 7 de septiembre de 2014

VICTOR DE LAPRADE [13.211]


Victor de Laprade

Víctor de Laprade fue profesor en la Facultad de Artes de Lyon, un miembro de la Academia francesa en 1858 y diputado del Ródano desde 1871 hasta 1873. Fue laureado de la Academia en 1849 y 1885.
Sus poemas están inspirados en Chateaubriand y Lamartine por su apego a la religión y la realeza.

Obras

Poesía

Les Parfums de Madeleine (1839)
Odes et poèmes (1840)
Psyché, poëme (1841)
Poèmes évangéliques (1852)
Idylles héroïques (1858)
Les Voix du silence (1864)
Pernette (1868)
Contribution au deuxième Le Parnasse contemporain (1869) : le poème Le Faune.
Poèmes civils (1873)
Contribution au troisième Parnasse contemporain (1876) : les deux poèmes Adieux aux Alpes et La Patrie.
Le Livre d'un père (1877)
Œuvres poétiques (6 volumes, 1878-81)

Prosa

Des habitudes intellectuelles de l'avocat (1840)
Questions d'art et de morale (1861)
Le Sentiment de la nature avant le Christianisme (1866)
Chez les modernes (1868)
Éducation libérale (1873)




BEATRIZ 

¡Gloria y honor al alma soñadora, 
que audaz del imposible se enamora; 
la que hacia su quimérica esperanza 
por el sendero del dolor avanza, 
del deleite vulgar despreciadora! 

¡Feliz quien tiene en poco 
las que, para avivar sus regocijos, 
brotan en su camino flores bellas, 
y en el sereno azul los ojos fijos, 
el brazo extiende temerario y loco 
para coger ufano las estrellas! 

Con sonrisa di: diosa 
le sonríe belleza misteriosa 
oculta á los profanos; 
atentas á su anhelo, 
las estrellas le vienen á las manos; 
á su clamor los ángeles contestan, 
y auxilio dan á su atrevido vuelo; 
los lirios del lidén, flores del cielo, 
sus cálices le prestan. 

Beatriz abre un mundo misterioso 
á quien la toma por divina hermana, 
á quien lucha sin tregua ni reposo, 
y cuanto más padece y más sé afana, 
se juzga más dichoso; 
á quien no cede hasta tocarla cima, 
y cual raptor osado y victorioso 
á las puertas del cielo se aproxima. 

¡Gloria y honor al alma soñadora, 
que audaz del imposible se enamora! 






Victor de Laprade — Odes et poèmes

Antée

Premier-né de la terre, hôte des bois antiques,
Où l'aigle parle avec les chênes prophétiques ;
Toi qu'entre ses lions et ses sphinx aux grands yeux
Cybèle a de son lait nourri sur les hauts lieux,
O poète ! ô géant à l'étroit dans les villes,
Coursier impatient des entraves civiles,
Contre l'homme et ses dieux ta vie est un combat,
Et l'Hercule vulgaire est fier quand il t'abat ;
Car de son corps stupide, animé par la rage,
Souvent la pesanteur prévaut sur ton courage.
Et toi, par la douleur et la honte affaibli,
Tu roules sous ses pieds, dans l'herbe enseveli,
Pouvant à peine, hélas ! jusqu'aux forêts obscures
Ramper pour y mourir, en cachant tes blessures.
L'homme alors, t'infligeant son rire âpre et moqueur,
Dit qu'un monstre est dompté par Hercule vainqueur.

Mais sitôt que, touchant la terre maternelle,
Ta poitrine meurtrie a palpité contre elle,
Que ta bouche, appliquée à son sein toujours vert,
A bu dans une fleur la sève du désert ;
Sitôt que la nature, avec toi seul à seule,
Baise ton front saignant de ses lèvres d'aïeule,
O prodige I ton corps se dresse, et, rajeuni,
Dans tes veines tu sens circuler l'infini.
Des fluides divins, cachés dans la rosée,
Ton âme s'est nourrie et s'est cicatrisée ;
Et tu vas fièrement à des combats nouveaux,
O sublime vaincu ! défier tes rivaux.

Ta mère t'a vêtu d'une armure céleste ;
Rapide, tu brandis tes poings couverts du ceste ;
Tes bras sur le vainqueur, dans sa gloire troublé,
Frappent comme un fléau sur la gerbe de blé ;
Et le monde, étonné de ta métamorphose,
Voit fléchir sur ses reins le lutteur de la prose.

Puisque ainsi, créatrice à chaque embrassement,
La nature te fait revivre en un moment,
Puisqu'elle t'a livré le secret de ta force,
D'un ennemi rusé, poëte, fuis l'amorce.
Quand tu veux résister à notre âge d'airain,
Combats dans le désert : c'est là ton vrai terrain ;
Car du sol immortel où tu puises ta sève
Si le hasard t'écarte, et si l'homme t'enlève,
Si l'homme est assez fort pour t'attirer un peu
Hors du sein maternel où tu respires Dieu,
Poëte, c'en est fait, tu n'auras plus d'haleine,
Et l'Hercule au front bas t'étouffera sans peine ;
Comme un enfant romprait ta flûte de roseaux,
Sur son genou de pierre il brisera tes os.

Donc, reste, pour livrer ces batailles si rudes,
Plongé dans la nature, ô fils des solitudes !
Suis ses divins conseils, qu'ici nous oublions ;
Va dans l'aire de l'aigle et l'antre des lions,
Dans les grottes des sphinx qui pour l'homme sont closes,
Te nourrir, ô géant, de la moelle des choses !






Invocation

I

Viens, Esprit créateur, visite ma pensée ;
Dans la nuit de mon cœur fais briller le vrai jour.
Par toi seul toute force à l’âme est dispensée,
Descends, Esprit du ciel, dont le nom est AMOUR !

Tout procède de toi procédant de Dieu même ;
C’est toi qui de son Verbe accomplis les desseins ;
Par un don gratuit tu fais la part suprême
Dans l’œuvre du poëte et dans l’œuvre des saints.

Esprit ! tout vient de toi : ces pleurs dont je m’enivre,
Ce feu né de ton nom rien qu’en le prononçant,
Et l’effroi dont je tremble, au début de ce livre,
De l’homme qui l’écrit si tu dois être absent !

Esprit ! toute beauté que l’on voit ou qu’on rêve,
La blancheur sur les lis, dans les âmes la foi,
Le soleil après l’ombre et l’espoir qui se lève,
Le regard d’un ami... c’est un rayon de toi.

Esprit ! sève de tout, des chênes et des roses ;
Par toi le bouton d’or sourit sur les prés verts ;
Par toi l’Océan gronde ; et c’est toi qui déposes
Le miel au fond des fleurs comme au fond des beaux vers.

Sois mon âme et mon sang ! et coule avec largesse,
Esprit qui fais chanter les flots, les vents, les bois !
Esprit de charité, de force de sagesse,
Pense avec mon esprit et parle avec ma voix !


II

Je t’invoque et je crains ! tu m’as ailleurs, peut-être,
             Assigné mon devoir.
Peut-être, en mon orgueil, je viens, comme un faux prêtre,
             Usurper l’encensoir ?

A la commune glèbe ai-je dû me soustraire ?
             Parle-moi sans détour,
Esprit ! faut-il semer dans le sillon vulgaire
             Mon pain de chaque jour ?

« Le glaive et le marteau, la charrue à conduire
             C’est le lot des humains ;
Et Dieu n’a concédé les pinceaux ou la lyre
             Qu’à de bien rares mains.

Quoi ! le poids de la lance ou du hoyau t’accable,
             O débile rêveur !
Et tu m’offres tes reins, ouvrier misérable,
             Pour porter le Seigneur !

Comme le fier Jacob, tu vas, lutteur étrange,
             Toi qu’un coup d’aile abat,
Près de l’échelle d’or, tu vas offrir à l’ange
             Un éternel combat ! »





Victor de Laprade — Les Symphonies

Symphonie des saisons


L’ABEILLE

Sur la ruche qui dort, Avril au doigt vermeil
Frappe, et le jeune essaim respire à son réveil
La fraîche odeur des sèves ;
Il s’envole et murmure à travers les pruniers ;
Et le même soleil, dans les cœurs printaniers,
Fait bourdonner les rêves.

Pars, diligente abeille, et choisis bien tes fleurs !
A l'appel des parfums et des vives couleurs
Tu peux fuir ta cellule ;
Car un dieu te conseille, et tu sais éviter
Ces beaux fruits vénéneux qui se font récolter
Par notre main crédule.

Vienne un guide aussi sûr diriger ton essor,
Enfant, qui vers la rose et vers le bouton d’or
Veux, t’en voler si vite !
Sache imiter l’abeille et les oiseaux du ciel ;
Et puisses-tu, comme eux, ne trouver que du miel
Dans la fleur qui t’invite !


ADAH

Hier, je l’ai reconnu sans l’avoir vu jamais !
A travers les taillis j’ai surpris son visage.
C’est le bel étranger que dès longtemps j’aimais ;
Mon cœur m’a dit son nom et montré son visage.

Il vient ! ces prés en fleurs se sont parés pour lui.
Comme l’air est plus pur, quel beau soleil se lève !
Avant ces doux rayons je n’existais qu’en rêve ;
Je me sens vivre enfin à partir d’aujourd’hui.


FLEURS DES PRÉS

Viens consulter les marguerites,
Oracles des fraîches amours.
Toutes les pages de vos jours
Dans les fleurs des prés sont écrites.
Viens consulter les marguerites.

Viens nous cueillir comme autrefois,
Et tresser de blanches couronnes
Pour parer le front des Madones.
Assise encore au bord des bois,
Viens nous cueillir comme autrefois.

A nos prés nous restons fidèles,
Sans folle envie et sans dédains ;
Nous ne rêvons pas les jardins
Où nos fleurs deviendraient plus belles.
A nos prés nous restons fidèles.


ADAH

Dans le vallon natal cueillons toutes nos fleurs ;
Où trouverai-je ailleurs les trésors qu’il rassemble ?
C’est là que j’ai connu mes plus chères douleurs ;
C’est là qu’il faut s’aimer, qu’il faut vieillir ensemble.

Oh ! quel charme, avec vous, de longer ces buissons,
De nous pencher tous deux sur les nids sans défense,
Et de vous voir sourire à ces mêmes chansons
Dont ma mère, en filant, a bercé mon enfance !

Qu’il est bon de mêler ainsi tous ses amours ;
Avec ma mère et vous d’habiter sous ce chaume !
J’y verrai de mon cœur s’agrandir le royaume,
Et mes tilleuls chéris l’abriteront toujours.


LA SOURCE

L’humble source est intarissable ;
Dans l’herbe entendez-la frémir.
J’y suis bien sur mon lit de sable,
Si bien que j’y voudrais dormir !

Je n’en sors qu’avec un murmure,
Pleurant mon bassin de cristal ;
Et mon eau va, sous la verdure,
Se perdre au bout du pré natal.

C’est assez d’apporter la vie
Aux fleurs de mes bords transparents ;
J’y mourrai sans porter envie
Aux flots voyageurs des torrents.

L’eau du fleuve est trop agitée
Pour être un fidèle miroir ;
Et jamais la lune argentée
Ne s’y baigne en paix tout un soir.

Mais moi, quand tu viens, jeune fille,
Je reflète, en mon flot charmé,
Tes grands yeux où ton âme brille,
Et les regards du bien-aimé.


ADAH

Que ton sourire est beau sous ce grand front sévère 1
Comme il invite bien à l’amour, à l’espoir !
Ainsi, sous le grand chêne où tu m’as fait asseoir,
J’ai vu, dans un rayon, s’ouvrir la primevère.

Un charme, ô bien-aimé ! m’enchaîne auprès de toi ;
Mes yeux semblent contraints à chercher ton visage.
Et pourtant, à tes pieds, je sens un vague effroi
M’arriver de ton front, s’il y passe un nuage.

Ton aspect a des dieux la grâce et la fierté,
O mon bel inconnu ! mais aussi leur mystère.
Tes doux regards, souvent mêlés d’éclairs austères,
M’apportent la tristesse avec la volupté.

Quel enivrant parfum autour de toi voltige !
Hier, tu m’offris des fleurs aux étranges contours ;
Des signes merveilleux sont peints sur leur velours,
Et, quand je les respire, il me vient un vertige.

Tu m’as parlé souvent d’une terre aux fruits d’or ;
Tu voudrais la revoir et l’habiter ensemble ;
Je suis prête à t’y suivre... et malgré moi je tremble...
Sous l’aubépine en fleur, ami, restons encor.

Je veux cueillir encor les genêts de nos landes ;
Laisse-moi du vieux temple en orner les piliers,
Et, des fleurs du pays, achever ces guirlandes
Que j’ai fait vœu d’offrir à nos dieux familiers.


CHŒUR DE FÉES

Dans l’aube où nous régnons bienheureux qui sommeille !
Dénoue avec lenteur notre écharpe vermeille,
Et garde un voile encor sur ton front ingénu.
Que l’innocent réveil du printemps qui se lève
Ressemble encore au rêve
Où ton âme entrevit le céleste inconnu.

Fais durer longuement la saison des prémices ;
Les jours y sont pareils, mais tous ont leurs délices.
Vos heures passeront comme un groupe de sœurs :
Toutes ont le même air et semblable parure ;
Pourtant chaque figure
A sa grâce distincte et ses propres douceurs.

Reste donc parmi nous, dans le pays des songes,
Seul monde où le cœur vive à l’abri des mensonges,
Habite nos palais de nuages construits ;
Ne poursuis que des yeux nos vagues perspectives ;
Fuis les clartés trop vives,
Et nourris-toi des fleurs plus douces que les fruits.







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