sábado, 7 de abril de 2012

6429.- CATHERINE POZZI


Catherine Pozzi es una poeta, narradora y diarista francesa. Nació en París en el seno de una familia de la alta burguesía el 13 de julio de 1882 y murió en esa misma ciudad el 3 de diciembre de 1934.
Hija de un célebre médico, Samuel Pozzi, uno de los posibles modelos de los que se sirvió Marcel Proust para su Doctor Cottard, recibió una esmerada educación. Fue amiga de Colette, de Anna de Noailles, de Rilke y mantuvo una tormentosa relación intelectual y amorosa con Paul Valéry.
A partir de 1910 comenzó a desarrollar una tuberculosis que la marcaría profundamente y que terminaría acabando con su vida.
En 1927 publicó un relato autobiográfico, Agnès, considerado por Jean Paulhan como una pequeña obra maestra. Desde 1913 hasta su muerte escribió un Diario. En 1935 publicó seis poemas ( Ave, Vale, Scopolamine, Nova, Maya y Nyx) de una perfección tal que le han dado un lugar privilegiado en todas las antologías de la poesía francesa del siglo XX.
Al morir dejó sin terminar su obra más ambiciosa, un ensayo filosófico, Peau d´âme (Piel de alma).

Bibliografía en francés
Très haut amour (Poèmes et autres textes), Gallimard Poésie.
Poèmes, Gallimard / Métamorphoses.
Catherine Pozzi, Œuvre poétique, éd. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Littérature », 1988.
Agnès, Paris, La Différence, 1988, coll. "Minos", 2002.
Peau d'âme, prés. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Philosophia perennis », 1990.
Catherine Pozzi, Rainer Maria Rilke, Correspondance 1924-1925, prés. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Littérature », 1990.
Catherine Pozzi, Jean Paulhan, Correspondance 1926-1934, éd. Françoise Simonet-Tenant, Paris, C. Paulhan, « Pour mémoire », 1999.
Catherine Pozzi et Jean Paulhan, Correspondance 1926-1934, Ed. Claire Paulhan 1999.
La flamme et la cendre : Correspondance (Paul Valéry, Catherine Pozzi, Lawrence Joseph). Gallimard / Blanche 2006.
Catherine Pozzi, Journal de jeunesse : 1893-1906, éd. Claire Paulhan.
Catherine Pozzi, Journal : 1913-1934, éd. et annot. Claire Paulhan, préf. Lawrence Joseph.




AVE


Très haut amour, s'il se peut que je meure
Sans avoir su d'où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,


Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j'ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour.


Quand je serai pour moi—même perdue
Et divisée à l'abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,


Par l'univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu'au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor


Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Cœur de l'esprit, ô centre du mirage
Très haut amour.








AVE


Muy alto amor, si acaso yo muriese
Sin saber nunca dónde te encontré,
En qué planeta estaba tu morada
Tu tiempo en qué pasado, en qué hora
Te amaba yo,


Muy alto amor que escapas al recuerdo,
Fuego sin foco que fue todo mi sol,
En qué sino trazabas mi existencia,
En qué sueño tu gloria se veía,
Oh mi aposento


Cuando para mí misma esté perdida
Y dividida en abismo infinito,
Cuando rota ya esté infinitamente,
Cuando sea traidor este presente
Que me reviste,


Quebrada por el mundo en mil fragmentos,
De mil instantes aún no reunidos,
De ceniza cernida hasta la nada,
Para un extraño tiempo harás de nuevo
Sólo un tesoro




De nuevo harás mi imagen y mi nombre
Con mil cuerpos robados por el día,
Viva unidad sin nombre y sin figura,
Centro del alma, raíz del espejismo
Muy alto amor.








VALE


La grande amour que vous m'aviez donnée
Le vent des jours a rompu ses rayons —
Où fut la flamme, où fut la destinée
Où nous étions, où par la main serrée
Nous nous tenions


Notre soleil, dont l'ardeur fut pensée
L'orbe pour nous de l'être sans second
Le second ciel d'une âme divisée
Le double exil où le double se fond


Son lieu pour vous apparaît cendre et crainte,
Vos yeux vers lui ne l'ont pas reconnu
L'astre enchanté qui portait hors d'atteinte
L'extrême instant de notre seule étreinte
Vers l'inconnu.


Mais le futur dont vous attendez vivre
Est moins présent que le bien disparu.
Toute vendange à la fin qu'il vous livre
Vous la boirez sans pouvoir être qu'ivre
Du vin perdu.


J'ai retrouvé le céleste et sauvage
Le paradis où l'angoisse est désir.
Le haut passé qui grandi d'âge en âge
Il est mon corps et sera mon partage
Après mourir.


Quand dans un corps ma délice oubliée
Où fut ton nom, prendra forme de cœur
Je revivrai notre grande journée,
Et cette amour que je t'avais donnée
Pour la douleur.








VALE


Del gran amor que tú me habías dado
El viento de los días los rayos destrozó —
Donde estuvo la llama, donde estuvo el destino
Donde estuvimos, donde, las manos enlazadas,
Juntos estábamos


Sol que fue nuestro, de ardiente pensamiento
Para nosotros orbe del ser sin semejante
Segundo cielo de un alma dividida
Exilio doble donde el doble se funde


Ceniza y miedo para ti representa
Su lugar, tus ojos no lo han reconocido
Astro encantado que con él se llevaba
De nuestro solo abrazo el alto instante
Hacia lo ignoto.


Pero el futuro del que vivir esperas
Menos presente está que el bien ausente
Toda vendimia que él al final te entregue
La beberás mientras te embriaga el
Vino perdido..


Volví a encontrar lo celeste y salvaje
El paraíso en que angustia es deseo
Alto pasado que con el tiempo crece
Es hoy mi cuerpo, mi posesión será
Tras el morir.


Cuando en un cuerpo mi delicia olvidada
En que estuvo tu nombre se vuelva corazón
Reviviré los días que fueron nuestro día
Y aquel amor que yo te había dado
Para el dolor.








ESCOPOLAMINE


Le vin qui coule dans ma veine
A noyé mon cœur et l'entraîne
Et je naviguerai le ciel
À bord d'un cœur sans capitaine
Où l'oubli fond comme du miel.


Mon cœur est un astre apparu
Qui nage au divin nonpareil.
Dérive, étrange devenu !
Ô voyage vers le soleil —
Un son nouvel et continu
Est la trame de ton sommeil.


Mon cœur a quitté mon histoire
Adieu Forme je ne sens plus
Je suis sauvé je suis perdu
Je me cherche dans l'inconnu
Un nom libre de la mémoire.








ESCOPOLAMINA


El vino que por mis venas fluye
Ahogó mi corazón y se lo lleva
Y por el cielo yo navegaré
En un corazón sin capitán
Donde el olvido es blanda miel.


Mi corazón es astro aparecido,
Que nada en el divino sinigual.
¡Deriva, extraño acontecido!
Oh viaje, largo viaje hacia la luz—
Sonido nuevo y nunca interrumpido
Es la tejida trama de tu sueño.


Mi corazón abandonó mi historia
Adiós Forma ya no siento más
Estoy a salvo al fin estoy perdido
Me voy buscando en lo desconocido
Un nombre libre de la memoria.








NOVA


Dans un monde au futur du temps où j'ai la vie
Qui ne s'est pas formé dans le ciel d'aujourd'hui,
Au plus nouvel espace où le vouloir dévie
Au plus nouveau moment de l'astre que je fuis
Tu vivras, ma splendeur, mon malheur, ma survie
Mon plus extrême cœur fait du sang que je suis,
Mon souffle, mon toucher, mon regard, mon envie,
Mon plus terrestre bien perdu pour l'infini.


Évite l'avenir, Image poursuivie !
Je suis morte de vous, ô mes actes chéris
Ne sois pas défais toi dissipe toi délie
Dénonce le désir que je n'ai pas choisi.


N'accomplis pas mon jour, âme de ma folie, —
Délaisse le destin que je n'ai pas fini.








NOVA


En un mundo futuro en que tengo la vida
Que no llegó a formarse en el cielo de hoy,
En el flamante espacio adonde va el querer
En el virgen momento del astro que rehuyo
Vivirás, mi esplendor, mi salvación, mi pena
Mi extremo corazón con mi sangre formado,
Mi mirada, mi aliento, mi tacto, mi deseo,
Mi más terrestre bien para el azul perdido.


¡Elude el porvenir, Imagen perseguida!
De vosotros he muerto, oh mis actos queridos
Deshácete disípate no aceptes ser desata
Denuncia ese deseo que yo nunca elegí.


No completes mi día, alma de mi locura,—
Abandona el destino que no llegué a cumplir.








MAYA


Je descends les degrés de siècles et de sable
Qui retournent à vous l'instant désespéré
Terre des temples d'or, j'entre dans votre fable
Atlantique adoré.


D'un corps qui ne m'est plus que fuie enfin la flamme
L'Âme est un nom chéri détesté du destin —
Que s'arrête le temps, que s'affaisse la trame,
Je reviens sur mes pas vers l'abîme enfantin.


Les oiseaux sur le vent dans l'ouest marin s'engagent,
Il faut voler, bonheur, à l'ancien été
Tout endormi profond où cesse le rivage
Rochers, le chant, le roi, l'arbre longtemps bercé,
Astres longtemps liés à mon premier visage,


Singulier soleil de calme couronné.








MAYA


Desciendo los peldaños de siglos y de arena
Que el instante angustiado conducen hacia ti
Tierra de templos de oro, en tu fábula entro
Atlántico adorado.


De un cuerpo ya no mío que la llama rehuye
Caro nombre es el Alma, que detesta el destino —
Que se detenga el tiempo, que se hunda la trama,
Sobre mis pasos vuelvo al abismo infantil.


En el viento los pájaros hacia el marino oeste
Vuelan, hay que volar, dicha, al verano antiguo
Sumido en sueño allí donde cesa la orilla
Rocas, el canto, el rey, árbol que el viento mece,
Astros de antiguo unidos a mi rostro primero,


Extraordinario sol de calma coronado.








NYX


A Louise aussi de Lyon et d'Italie


Ô mes nuits, ô noires attendues
Ô pays fier, ô secrets obstinés
Ô longs regards, ô foudroyantes nues
Ô vol permis outre les cieux fermés.


Ô grand désir, ô surprise épandue
Ô beau parcours de l'esprit enchanté
Ô pire mal, ô grâce descendue
Ô porte ouverte où nul n'avait passé


Je ne sais pas pourquoi je meurs et noie
Avant d'entrer à l'éternel séjour.
Je ne sais pas de qui je suis la proie.
Je ne sais pas de qui je suis l'amour.








NYX


A Louise también de Lyón y de Italia


Oh noches mías, oh sombras esperadas
Oh tierra altiva, oh secretos tenaces
Oh lentos ojos, oh nubes fulminantes
Oh vuelo libre más allá de los cielos.


Oh gran afán, oh expandida sorpresa
Oh bella marcha del alma embelesada
Oh mal supremo, oh gracia descendida
Oh puerta abierta por la que nadie entró


No sé por qué me muero yo y me ahogo
Antes de entrar en la eterna morada.
Cómo saber de quién yo soy la presa.
Cómo saber de quién soy el amor.


Traducción de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán









Mon Dieu Esprit




Pardonnez-moi d'avoir aimé un homme comme j'aurais voulu vous aimer, comme je vous ai, par brèves lumières, aimé quand vous étiez vers moi. 
Pardonnez-moi de m'être aimé avec toutes mes forces dans l'ardeur et l'aberration.


Pardonnez-moi mon orgueil et mon inaltérable égoïsme.. 
Pardonnez-moi d'avoir cherché ma joie. 
Pardonnez-moi d'avoir compris en vain, puisque cela n'a pas servi aux autres. 
Pardonnez-moi d'avoir été fière des soleils de sagesse que vous me laissiez voir, et dont je n'ai pas distrait un rayon pour ceux qui sont dans la peine. 
Pardonnez-moi d'avoir été envoyée dans le monde par vous pour refléter le monde plus clair, et d'avoir perdu ma vie sur les chemins à cueillir des petites fleurs d'érudition vaniteuse. 
Pardonnez-moi la stérile volupté de mes sens, et ce plaisir des yeux pour l'harmonie, dont je n'ai pas traduit l'enseignement en rythmes ni en pensées. 
Pardonnez-moi d'avoir été riche en vain de la beauté du monde. 
L'esprit et la matière sont une seule chose, je ne l'ai pas enseigné. 
J'étais faite pour chercher avec les microscopes du savoir la racine subtile de l'esprit, mais je croyais toujours avoir le temps. 
J'étais faite pour retrover peut-être dans un symbole de vertigineuse biologie, la justification de l'étrange dogme catholique, et j'ai couru ailleurs. 




Pardonnez-moi, pardonnez-moi 
Je rentre dans le silence les mains vides, et ces écritures qui demeurent seules sont encore une vanité. 
Donnez-moi de travailler ailleurs à ce qui peut aider votre règne et sa paix active et son harmonie transcendante. 
Ne me rejetez pas comme le mauvais ouvrier. Je veux renoncer au bonheur bête et personnel qui n'augmente pas l'univers; je veux aider, aider, aider, ces innombrables moi-mêmes de chair et de souffrance qui montent dans l'illusion d'espace, au long du temp si lourd, les degrés de votre échelle d'or. 
Donnez-moi d'aider, je vous le crie de mon être entier ramassé dans une sincérité qui vient de vous. Et soyez sur mon agonie




Amen.






Dios mío Espíritu 


Perdóname por haber amado a un hombre como tendría que haberte amado a ti, como te amé, con breves iluminaciones, cuando estabas junto a mí. 
Perdóname por haberme amado con todas mis fuerzas en el ardor y en la aberración. 
Perdóname por haber buscado mi dicha. 
Perdóname por haber comprendido en vano ya que a los demás no les aprovechó en nada. 
Perdóname por haber estado orgullosa de los soles de sapiencia que me dejabas ver y de los cuales no desvié ni siquiera un rayo para aquellos que sufren. 
Perdóname porque tú me habías enviado para que reflejase más claramente el mundo, y porque perdí mi vida en los caminos cortando las florecillas de la vanidosa erudición. 
Perdóname por la estéril voluptuosidad de los sentidos, y por ese placer de la vista que produce la armonía cuya enseñanza no traduje en pensamiento ni en ritmo. 
Perdóname por haber sido rica en vano de la belleza del mundo. 
El espíritu y la materia son una misma cosa y yo no lo enseñé. 
Estaba hecha para buscar con los microscopios del saber la raíz sutil del espíritu pero creía que siempre dispondría de tiempo. 
Estaba hecha para encontrar quizás en un símbolo de vertiginosa biología la justificación del extraño dogma católico y me dejé arrastrar a otra parte.




Perdóname, perdóname. 
Vuelvo al silencio con las manos vacías, y estos escritos que se quedan solos son también vanidad. 
Concédeme el trabajar en otra parte en lo que pueda ser útil a tu reino y a su paz activa y a su armonía trascendente. 
No me rechaces como al obrero incapaz. Quiero renunciar a la felicidad estólida y personal que no hace crecer el universo; quiero ayudar, ayudar, ayudar, a esos innúmeros yo mismos de carne y sufrimiento que suben con la ilusión del espacio, a lo largo del tiempo tan pesado, los escalones de tu escalera de oro. 
Concédeme el ayudar, te lo pido con el grito de mi ser entero que embarga la sinceridad que proviene de ti. E inclínate sobre mi agonía.




Amén.




Traducción de Miguel Ángel Frontán






No hay comentarios:

Publicar un comentario